11 novembre 1922 : une cérémonie importante se tient à la colonne du Congrès à Bruxelles. Un cercueil avec un soldat inconnu est descendu dans le caveau.
Parmi les témoins, une jeune femme qui rêve de devenir photographe de presse. Ce reportage est un des premiers réalisés par Germaine Van Parys, en tant que photojournaliste, pour le compte du journal Le Soir.
Derrière chaque photo qui paraît dans un quotidien se cachent un photographe et sa propre histoire. L’histoire de Germaine Van Parys ainsi que de sa protégée et successeur, Odette Dereze en est une parmi d’autres. Leurs carrières s’étalent sur la totalité du XXe siècle. Une maison à Etterbeek est leur base de travail. Le monde de la photo de presse est encore totalement dominé par les hommes, mais nos deux dames ont l’intention de réaliser leur rêve. Leur « Agence Van Parys » pourrait bien être la seule agence au monde dirigée par des femmes, et ce jusque dans les années 80.
Germaine Van Parys est née en 1893. Fille d’un entrepreneur de pompes funèbres, elle fait ses études à l’Institut des Arts et Métiers à Bruxelles. En 1922, elle démarre sa carrière en tant que photographe indépendante pour le journal Le Soir. Quatre ans plus tard, elle se fait engager et devient ainsi la première femme photographe de presse en Belgique. Elle travaillera en tant que salariée jusqu’en 1956 pour les quotidiens Le Soir et La Meuse. À cette époque, une crise survient dans le monde des quotidiens et elle en profite pour prendre sa carrière en main et pour démarrer sa propre agence de presse : l’Agence Van Parys. Particularité, Germaine a tout au long de sa carrière, même en tant que salariée, acquis les négatifs à compte propre. De ce fait, lorsqu’elle quitte Le Soir, elle a le droit d’emporter la totalité de ses archives, la base de l’agence. Dans l’entre-temps, Odette Dereze, la nièce de Germaine, a suivi sa trace... Odette a été élevée entre le papier photo et le révélateur et, dès son plus jeune âge, a accompagné sa tante. La succession est assurée. Côte à côte, les deux femmes construisent l’agence de presse pour en faire une machine bien organisée qui comportera plus de dix employés. Germaine arrêtera sa carrière de photographe en 1968, mais elle restera active dans les activités jusqu’à son décès en 1983. Odette prend la direction jusqu’en 1996, moment où son fils aîné reprend l’affaire et en fait Van Parys Media. La collection est disponible actuellement via www.isopix.be.
La maison à Etterbeek restera le témoin de la longue histoire de l’Agence Van Parys. Le rez-de-chaussée a été le coeur de l’entreprise. Aussitôt que Germaine ou Odette revient d’un reportage, c’est dans ce lieu que la distribution s’organise. Elles ont expédié des centaines de photos vers les quotidiens, les magazines, qu’ils soient belges ou étrangers.
Les archives se remplissent... Deux classeurs pour les négatifs noirs/blancs etune dizaine de tiroirs pour les dias positives en couleur.
Au dos de chaque planche de contact se retrouve le communiqué de presse correspondant. Mais la chambre aux trésors se trouve à la cave. On y dénombre plus de trente milles négatifs sur cliché de verre, soigneusement classés et numérotés en boîte de dix clichés. Chaque boîte étant annotée de quelques informations relatives au reportage.
C’est ainsi que, pour chaque événement majeur ou pour chaque demande d’un quotidien ou magazine, l’Agence Van Parys a pu répondre avec des photos adéquates et pertinentes.
Au total, il y a plus de deux millions de photos... Et à l’heure d’aujourd’hui, alors que la plupart des agences de presse ont détruit leurs archives, la famille a décidé de continuer l’activité liée aux archives.